La charge mentale migratoire tu connais ?
[J’y reviens plus bas, accroche toi]
La charge mentale déjà ? Oui tu sais ou tu as déjà lu : on en entend de plus en plus parler (et heureusement!) c’est quand tu dois penser à TOUT et TOUS(TES) ! Ah oui, j’entends certain(e)s dire : le rôle de la femme ? Que ni ni ! La CHARGE MENTALE où tu vois que c’est un rôle !?! Avoir en permanence dans un coin de ta tête tout ce qui concerne les activités familiales, domestiques, économiques, éducatives, matérielles… alors que t’es même pas en train de les faire MAIS qu’il faut bien que quelqu’unE pense à tout et pour tous(tes)…
Enfin voilà pour le contexte, je te mets un article en bas de page, n’hésite pas à le consulter et d’ailleurs si tu en as d’autres tu pourras les partager en commentaires… Merci !
Enfin à la base j’étais partie sur la charge mentale MIGRATOIRE. Ouais, je reprends…
La charge mentale migratoire ?
Oui, tu sais cette « petite » pensée CONSTANTE (in)consciente qui te trotte dans la tête chaque matin immigrant(e) ? Réfléchir et anticiper/penser à chacun de tes actes, tes emplois, tes sorties du territoire, tes études, tes congés sans solde, ton implication dans la société, dans un organisme … qui pourraient mettre en péril ton immigration ? Tu ressens, cette inquiétude récurrente lorsque l’immigration est mise à mal par des changements de politiques migratoires, des délais insoutenables, un silence glaçant (tu vois de qui je parle hein ?), des ami-e-s qui pleurent, des détails d’heure ou de date ? Oui tu pensais arriver dans des perspectives précises (on te l’a vendu comme tel hein ?) puis plouf d’un coup, tout change ça dépend peut-être de toi OU pas… Enfin voilà.
C’est de ça que je voudrais parler ce soir…Pourquoi ? Parce que c’est DIFFICILE à vivre ! C’est parfois la panique à bord, c’est une charge de plus ! Oui en plus de celle de tous les jours quand tu dois t’occuper de la maison et des gosses (les enfants chèr(e)s ami(e)s Québ’). Encore une fois, devrais-je rappeler que la charge mentale migratoire est SUREMENT statistiquement une des préoccupations principales des « FEMMES » ? Non plus besoin maintenant…
Il y a des moments comme ça où c’est tous les jours cette boule au ventre. L’attente angoissante de savoir si tel papier va te revenir dans les temps, si tel dossier a été reçu (alors que tu ne recevras un accusé de réception que dans plusieurs mois), si tels : organisme, université, administration, employeurs… va te remettre ce document SI PRÉCIEUX pour la suite de ton processus migratoire sur le territoire. Un bout de papier sérieusement ? Oui c’est exactement ça. C’est de prendre contact avec un tel, une telle, un autre, une autre et tout cela en même temps parce que c’est MAINTENANT qu’il te faut cette attestation ou information. On ne peut pas toujours anticiper, il faut vivre avec cette (in)décision…
Ce sont les pleurs et l’angoisse de réaliser qu’avec le délai ça ne marchera pas. C’est ta dignité qui en prend un coup parce que tu n’es finalement pas in-dépendant(e)s, mais que TOUT dépend des autres (administrations, employeurs, universités, gouvernement, etc.). C’est les démarches d’immigration…
C’est le dur choix à faire entre le cœur ou la raison (c’est assez beau de pouvoir choisir les deux ) lorsque tu dois trouver un employeur qui accepte de te faire un permis de travail alors que tu rêverais (et en plus tu as largement les compétences) d’aller chez un autre employeur ? C’est la claque quand ton employeur et tes collègues, que tu aimes et qui veulent te garder avec eux, te rapportent qu’il n’y a pas les budgets pour te faire un permis de travail (va voir ailleurs à contrecœur ?) C’est prendre un emploi qui ne correspond pas à tes compétences et diplômes, c’est la déqualification… C’est renouveler trop souvent ton permis étude, c’est ne pas bénéficier de droits acquis. C’est parfois choisir un emploi pour avoir ton nombre d’heures ou pour nourrir ta famille, c’est retombé sur ta chaise, c’est le statut implicite, c’est l’emprise, c’est la peur, la lune de miel finit vite…
Et de l’autre côté, dans un autre pays c’est ta famille et tes amis qui t’attendent, qui te pleurent, qui vivent sans toi (parfois sans toit), qui te souhaitent le meilleur, qui vont mal ou vont bien, qui dépendent de toi, qui sont là… Qui sont sur le point de partir, de mourir, qui sont malades…qui viennent de naître, qui grandissent sans toi… que tu ne peux pas voir, serrer dans tes bras. Ce sont tes parents, tes grands-parents, tes enfants, tes tantes et oncles, tes ami(e)s, etc. C’est ta vie aussi ! C’est encore ce déchirement entre ici et là-bas, entre toi et ton moi, entre ton cœur et ta raison et parfois leur (im)possible adéquation.
C’est ta santé mentale, c’est ton cœur, c’est ton immigration, ce n’est pas toujours tes choix, c’est souvent stratégique, c’est aussi énergivore, c’est douloureux et déchirant. Ça fait partie du processus migratoire !
Voilà c’est à peu près ça … C’est la défense des droits, c’est l’accès aux droits, c’est l'(in)justice sociale parfois, c’est le respect, c’est ta dignité…
#LaChargeMentaleMigratoireTuConnais
Et toi, t’en dis quoi ?
PS : Vous avez lu jusqu’au bout ? Vous me connaissez, je ne parle pas toujours de moi, mais ça sort du fond de mon cœur. En connaissance de cause, personne privilégiée : nationalité française, francophone, femme, blanche, niveau d’étude universitaire… mais vouloir m’exprimer sur moi, sur nous, sur vous. Bref, je suis immigrante ! Je pense à vous…
Ce soir je voulais vous parler de la charge mentale migratoire (un peu de nous…) mais ce n’est pas tout ! #DEASSàMTL
Lien La charge mentale portée par les femmes, une évidence quotidienne (TV5Monde, 19.05.2017)