Marion Krempski, éducatrice spécialisée en France
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Diplôme(s) en travail social et pays d’étude
Diplôme d’État éducatrice spécialisée (IRTS d’Arras) et Licence Sciences de l’éducation (IUT Lille) (France)
Pays où tu exerces
France
Structure ou établissement dans lesquels tu travailles
J’ai crée ma micro-entreprise en octobre 2021. Auparavant, j’ai exercé principalement en MECS et en IME/SESSAD.
Titre d’emploi actuel
Éducatrice Spécialisée Libérale
Public que tu accompagnes / auprès de qui tu offres tes services en travail social
Enfants et Adolescents rencontrant des difficultés dans leur parcours scolaire (apprentissage, méthodologie, gestion des émotions, harcèlement, socialisation…). Je soutiens également la parentalité et j’accompagne aussi des enfants ayant un handicap léger. J’ai pour projet de travailler avec le PRE (Programme de Réussite Éducative) et de proposer mes services au sein d’établissements scolaires.
Bonus lecture internationale
Groupe Facebook : Paroles d’éduc
Émoticartes (jeu de cartes dont je suis ambassadrices)
La revue « Innovation en éducation » de Julien Peron
Selon toi, quelles sont les problématiques sociales les plus prédominantes dans ton pays ?
Selon moi, il y en a beaucoup… La scolarité qui est un sujet qui me tient plus particulièrement à cœur, car l’école ne fait pas partie des meilleures années pour tous, malheureusement. Entre les jeunes qui accumulent du retard et des difficultés dans les apprentissages, ceux victimes de harcèlement, le manque de confiance, le décrochage scolaire… Le manque de places dans les structures spécialisées (IME, MECS, ITEP…) … Les SDF trop nombreux dans les rues, car ils manquent de logements (ou de logique de la part du gouvernement français) … le manque de personnel, les restrictions budgétaires, les demandes hiérarchiques incohérentes avec ce qu’il se passe réellement sur le terrain et les moyens en notre possession, la paperasse à n’en plus finir qui a des répercussions plutôt néfastes sur les personnes que l’on accompagne (c’est d’ailleurs pour cela que j’ai souhaité quitter le monde institutionnel) … Inégalités de revenus…
Selon toi, en quoi le travail social a sa place dans ton pays ?
La France, en 2022, connaît encore de nombreux dysfonctionnements, peut-être à cause du principe d’égalité des chances. Personnellement, je favorise plutôt le principe d’équité, car selon moi, chaque personne est différente, a ses propres difficultés, vit un parcours de vie différent, je ne vois donc pas pourquoi tout le monde doit avoir la même chose.
Comment rendre les choses égalitaires, alors que dès le départ nous sommes tous différents ? Le débat peut être long… Il y a tellement de maux dans notre société, que les travailleurs sociaux ne sont pas près de chômer… Les gens ne sont pas assez valorisés, ils sont plutôt stigmatisés ou comparés … il suffit de regarder la télé-réalité, les clips mettant en avant la norme morphologique féminine … ou encore les émissions qui pavanent les plus riches alors qu’il y a tant de misère et de gens qui n’ont rien … Bref …
L’auteur Henri PASCAL retrace l’histoire du travail dans son ouvrage : « Histoire du Travail social en France de la fin du XIXe siècle à nos jours », 2014.
À l’heure actuelle, pourquoi choisir cette profession ?
On dit souvent que les travailleurs sociaux ne s’orientent pas vers ce métier par hasard. Effectivement, quelques expériences personnelles m’ont amené là aujourd’hui. Je pense que lorsqu’on a rencontré des moments très compliqués dans notre vie, soit on laisse les autres se débrouiller (notamment si l’on a été vraiment seul), soit on se démène pour aider les autres. C’est la direction que j’ai choisie.
J’essaie d’apporter du mieux dans la vie des personnes que j’accompagne. On ne peut pas aider tout le monde, mais une, deux, dix … personnes, c’est déjà mieux que rien du tout. De plus, le champ de possibilités est vaste. Chaque professionnel peut y trouver sa place. Que ce soit en libéral, dans le handicap, le vieillissement, la protection de l’enfance, l’insertion … De plus, le partenariat dans notre pratique peut être très enrichissant autant pour nous en tant que professionnel, que pour les personnes accompagnées.
Selon toi, quel serait l’avenir idéal du (travail) social dans ton pays ?
Permettre aux personnes dans le besoin d’avoir accès à un accompagnement spécialisé et adapté. Arrêter de donner la même chose à tout le monde alors que les besoins/attentes et les demandes sont différents (principe d’équité). Que chaque parcours de vie soit pris compte. Être « gouverné » par des politiques ayant connaissance réellement de ce qu’est le travail social (et non tous ces rigolos qui n’y connaissent strictement rien).
Continuer de mener des actions locales pour favoriser la socialisation, revaloriser la relation d’entraide et la solidarité.
Redonner goût, de la motivation, de l’engagement et de la valeur aux travailleurs sociaux. Être écouté, entendu, compris et soutenu autant verbalement que par des actes concrets (et non du blabla incessant). Bref, avoir les moyens d’aider au mieux les personnes dans le besoin.
Que souhaites tu partager pour le mois du travail social 2022 ?
Même si mon métier est peu connu (on me demande très souvent en quoi je suis spécialisée … ^^), je suis fière d’être Éducatrice. J’ai quitté le monde institutionnel, car mes valeurs n’avaient pas leur place. En effet, dans mon cas, pour la plupart des établissements où j’ai exercé :
- L’humour est un manque de sérieux
- Travail individuel = manque d’investissement
Il paraît que je suis trop discrète aussi, trop honnête (éviter de contredire), peu professionnelle parce que je fonctionne beaucoup à l’improvisation… et j’en passe… beaucoup de compétition chez certains… à croire que le but de notre métier est de couronner le meilleur éducateur de l’année…
Bref, tant de situations, de jugements, qui m’ont poussé (malgré mes 3 petites années de pratique en tant que professionnelle diplômée) à créer mon entreprise. C’est dur… surtout de démarcher, de trouver des personnes à accompagner… car forcément mes services ont un coût… dans la moyenne… pas trop excessif… mais non pris en charge même partiellement puisque j’accompagne principalement des jeunes sans notification MDPH. Je ne désespère pas, je sais que j’y arriverai. Notamment avec la volonté et la motivation d’aider ceux qui n’ont pas encore eu le droit à du soutien. Ceux à qui mes valeurs apporteront réconfort et bienveillance.
Je terminerais par dire un grand BRAVO à tous ces travailleurs sociaux qui se battent sans cesse pour autrui ! Ne lâchez rien !!