Mouhamadou Sarr, assistant social du Sénégal
Diplôme(s) en travail social et pays d’étude
Diplôme d’État d’assistant social de l’École Nationale des Travailleurs Sociaux Spécialisés de Dakar (Sénégal), Consultant et spécialiste en management public formé à l’École Nationale d’Administration Publique du Québec (Canada).
Pays où tu exerces
Canada
Structure ou établissement dans lesquels tu travailles
Résidence intermédiaire en santé mentale (Priscilla Morin)
Titre d’emploi actuel
Intervenant social en santé mentale
Public que tu accompagnes / auprès de qui tu offres tes services en travail social
Accompagnement des personnes en situation de santé mentale
Bonus lecture internationale
Pour l’historique du travail social au Sénégal:
Ndiaye, L. D. (2001). Le service social au Sénégal : recherche d’un sens ou histoire d’une réception. Reflets, 7(2), 172–191.
Selon toi, quelles sont les problématiques sociales les plus prédominantes dans ton pays ?
Le Sénégal comme tout autre pays du monde est confronté à des problématiques sociales auxquelles l’État tente toujours d’apporter une réponse adéquate.
Parmi les problèmes sociaux nous pouvons citer sans risque de nous tromper : la mendicité, le travail des enfants, l’absence de prise en charge des patients démunis, la santé mentale etc. La mendicité est un phénomène sociétal qui existe depuis des lustres. En effet c’est à la suite des années 70 que ce phénomène s’est beaucoup développé avec le déplacement des populations rurales vers les grandes villes comme Dakar.
La classe d’Age la plus touchée est celle des enfants. « Au Sénégal, entre 2017 et 2018, 16 enfants talibés sont décédés à cause d’abus, d’actes de négligence ou de mise en danger de la part de maîtres coraniques ou de leurs assistants. Ces cas de décès ont été enregistrés dans les régions de Saint-Louis, Diourbel et Thiès. En effet, le document précise que parmi ces enfants, âgés de 5 à 15 ans, 3 sont décédés des suites de coups violents, 4 dans deux incendies de daaras, 5 dans des accidents de la route alors qu’ils mendiaient ou évitaient de rentrer au daara, et 4 de maladies non traitées ». (Graves abus contre des enfants talibés au Sénégal, 2017-2018 de l’ONG Human rights watch) (Quotidien, 2019).
Selon toi, en quoi le travail social a sa place dans ton pays ?
Le travail social est d’une utilité sans commune mesure au Sénégal.
Toute la politique d’action sociale de l’État en faveur des populations est mise en œuvre par les travailleurs sociaux qui se trouvent à différents niveaux de responsabilité. N’est pas travailleur social qui veut. Il faut une formation rigoureuse pour le devenir.
À titre d’exemple, on peut citer le service social en milieu hospitalier. À l’hôpital, l’assistant social intervient auprès de tous ceux qui sont dans le site. Ses missions s’effectuent aussi bien auprès des patients hospitalisés que des membres du personnel. Le TS a un rôle de médiateur dans les situations conflictuelles entre les soignants, le patient et son entourage.
À l’heure actuelle, pourquoi choisir cette profession ?
Les travailleurs sociaux au Sénégal jouent un rôle d’interface entre les usagers et l’État.
En outre dans les organisations non gouvernementales on retrouve un grand nombre de travailleurs sociaux qui interviennent dans la planification et dans la mise en œuvre des programmes et projets humanitaires. Le choix de cette profession revêt plusieurs sens :
D’abord la formation fait de toi une ressource polyvalente dans le monde actuel dominé par la concurrence. Un travailleur social bien que spécialisé peut intervenir auprès de toutes les couches vulnérables : enfants, personnes âgées, personnes en situation de santé mentale, handicap, etc. Tu deviens un véritable moteur du développement social et économique. Ensuite la grande satisfaction en travail social n’est point la dimension pécuniaire mais la satisfaction morale car on le fait par devoir et amour sans aucune attente. Rien n’est plus gratifiant que de relever une personne, une communauté engluée dans des situations compliquées.
L’action des travailleurs sociaux infirment au quotidien cette assertion de Hobbes « l’homme est le loup de l’homme » pour une profession de foi locale voulant que « l’homme est le remède de l’homme ».
Enfin le choix de cette profession au Sénégal vous permet de comprendre les problèmes sociaux du pays et d’en apporter des réponses appropriées.
Selon toi, quel serait l’avenir idéal du (travail) social dans ton pays ?
L’avenir du travail social dans ce pays africain est une question importante au regard des besoins des populations. La profession de travailleur social au Sénégal a connu et continue de connaitre des réels changements tant au niveau de la formation que sur la pratique. En sus de l’école nationale qui forme les travailleurs sociaux spécialisés le pays regorge d’écoles privées pour former parallèlement des professionnels du service social. Au niveau de la formation on note plusieurs nouvelles spécialités comme le management des organisations sociales. Ainsi, à partir de cette année, l’école rejoint le système LMD en vue de développer la recherche et ouvrir un troisième cycle qui ferait économiser les éventuels postulants de l’obligation de se déplacer au Canada ou en France qui nous accueillent chaque année. Sur le terrain, les travailleurs sociaux apportent des changements positifs dans l’intervention sociale. Les outils d’intervention sont devenus plus modernes et produisent des résultats extraordinaires dans l’autonomisation des populations vulnérables. Un autre point positif est la naissance de plusieurs associations des travailleurs sociaux pour promouvoir la profession.
Ce chapitre ne sera fermé sans évoquer l’absence d’ordre pour réglementer la profession à l’image de l’ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec au canada qui peut inspirer les professionnels au Sénégal. La naissance de cet ordre professionnel consolidera l’avenir idéal du travail social sénégalais.
Que souhaites tu partager pour le mois du travail social 2022 ?
Le sentiment à partager pour le mois du travail social 2022 est plus professionnel que personnel.
Un appel est lancé à l’état du Sénégal pour qu’il recrute mes condisciples formés abandonnés à leur propre sort. Cette question est évoquée pour répondre à la dernière interrogation de cet article parce que c’est un élément préoccupant dans un pays qui a tant besoin de l’intervention de ces ressources.
L’appel que je voudrais lancer à l’occasion de cette journée internationale du travail social va donc à l’endroit des décideurs de mon pays pour les inviter à penser à l’insertion des travailleurs sociaux formés pour le bien-être des sénégalais.
Un travailleur social peut changer la vie d’une personne, d’un groupe ou de toute une communauté.