Laura, assistante socio-éducative en France

Diplôme(s) en travail social et pays d’étude
Diplôme d’État d’éducatrice spécialisée (DEES-France)
Pays où tu exerces
France
Structure ou établissement dans lesquels tu travailles
Maison de l’Enfance (protection de l’enfance)
Titre d’emploi actuel
Éducatrice spécialisée / Assistante socio-éducative
Public que tu accompagnes / auprès de qui tu offres tes services en travail social
Mineurs de 4 à 15 ans environ
Selon toi, quelles sont les problématiques sociales les plus prédominantes dans ton pays ?
- Le manque de solidarité, de soutien, de vie joyeuse et rurale
- Le jugement des uns envers les autres → faible estime de soi, enfermement, etc.
- Système éducatif très déconnant
- La non expression, le refoulement de nos émotions
- La non connaissance de notre identité
- Le manque de communication non violente et bienveillante les uns envers les autres.
- La violence (psychologique et physique)
- Le racisme
- La délinquance
- Le manque de possibilités de prise en charge des personnes atteintes de handicap(s) → maintien dans une scolarité inadaptée et violente pour l’enfant, ou au contraire, aucune stimulation …
- La précarité (logement – emploi – soins premiers)
- Le manque de professionnels sociaux → surmenage , prise en charge discontinue, etc.
- Violence institutionnelle +++
Selon toi, en quoi le travail social a sa place dans ton pays ?
Pour recréer du lien entre les personnes, revaloriser, mettre en avant les potentialités de chacun, proposer des espaces de parole et d’échanges, orienter les enfants/adultes vers des structures de soins lorsqu’il y a eu des traumatismes ou des handicaps. En plus de proposer des lieux sécurisants pour les femmes et leurs enfants, proposer des lieux d’hébergement pour des personnes en précarité, accompagner des personnes dans l’errance, les aider à retrouver leur chemin, accompagner des familles (parfois traumatisées) arrivant sur le sol français, etc.
À l’heure actuelle, pourquoi choisir cette profession ?
Afin de donner un peu de reconnaissance, d’espoir, de soutien à des personnes qui en ont besoin.
Recréer du lien social. Proposer une société plus bienveillante. Montrer aux personnes qu’elles ne sont pas seules, qu’on se soucie d’elles et de leur vie. Cela permet de rencontrer des personnes que l’on n’aurait peut-être jamais rencontrées ailleurs, dans notre quotidien. Faire aussi de belles rencontres. Apprendre de nouvelles choses sur la vie, sur la mixité culturelle , sur les potentialités des êtres humains. Quand on donne… on reçoit…
Selon toi, quel serait l’avenir idéal du (travail) social dans ton pays ?
Plus de professionnels! Plus de budget! Donner libre cours à nos idées! Obliger les professionnels à suivre eux-mêmes une thérapie (quelle qu’elle soit) : beaucoup de travailleurs sociaux ont eux-mêmes besoin de soin, nous faisons partie de cette même société créatrice de beaucoup de désordres notamment émotionnels… On ne peut accompagner les autres si on n’est pas nous-mêmes équilibrés.
Que souhaites tu partager pour le mois du travail social 2022 ?
Je rêve que mon métier cesse d’exister.
Cela serait la preuve que le sentiment de solidarité et de fraternité/sororité est né dans le cœur de tous les êtres humains et que chacun d’entre nous donne un peu de son temps pour aider, soutenir une personne en période de fragilité, afin qu’on puisse tous vivre en paix et garantir les soins essentiels à chacun.
Si chacun d’entre nous aide un petit peu quelqu’un, alors il n’y aura plus besoin qu’une poignée de personnes (nous, travailleurs sociaux, à la marge des autres) se surmène à accompagner les autres, tout ça avec peu de moyens (rire!).